BRÈVE HISTOIRE DES CAHIERS DU CINÉMA
Émilie Bickerton
208 pages, 19 €
ISBN 978-2-35096-056-2
Comment les Cahiers du cinéma, naguère la plus grande revue de cinéma du monde, ont-ils pu devenir un simple guide du consommateur, impossible à distinguer de n’importe quel autre magazine ? Où sont donc passées la vision et la passion qui les avaient animés? Émilie Bickerton raconte l’aventure de cette publication, depuis sa naissance glorieuse, en 1951, jusqu’à son interminable agonie. Ses fondateurs nourrissaient l’ambition immense d’élever le cinéma au rang d’art à part entière et de prouver qu’Alfred Hitchcock, Howard Hawks ou Nicholas Ray étaient les égaux des plus grands peintres et romanciers. L’entreprise fut un succès, et la critique devint une autre manière de faire du cinéma, avant que certains rédacteurs de la revue, comme Jean-Luc Godard, François Truffaut ou Éric Rohmer, ne passent eux-mêmes à la réalisation. Il y eut bien d’autres moments forts : la revue joua une part active dans l’élaboration d’une théorie du cinéma, s’ouvrit aux pensées nouvelles comme le structuralisme ou la psychanalyse lacanienne, envisagea le cinéma comme un art politique, au point de renier la « politique des auteurs » qui avait fait sa fortune, et, au plus fort de sa période maoïste, de désavouer le cinéma lui-même. Ces zig-zags, ces hésitations, ces redéfinitions sont certes le reflet des différentes époques qu’elle a traversées, mais ils témoignent surtout d’un constant désir de se réinventer et d’agir sur le cinéma en train de se faire. À partir des années 1980, ce désir disparaît : les Cahiers s’accrochent à un auteurisme vide, renoncent aux idéaux qui les avaient guidés, délaissent le travail critique, épousent le monde comme il va. En faisant l’histoire des Cahiers, de leurs réussites et de leurs échecs, de leur grandeur et de leur décadence, ce livre propose une réflexion nécessaire sur le destin de la critique en général : partout et nulle part à la fois, elle se traîne, sans idées ni projet. Or qu’est-ce qu’une critique digne de ce nom sinon une intervention sur l’époque elle-même ?
Émilie Bickerton
208 pages, 19 €
ISBN 978-2-35096-056-2
Comment les Cahiers du cinéma, naguère la plus grande revue de cinéma du monde, ont-ils pu devenir un simple guide du consommateur, impossible à distinguer de n’importe quel autre magazine ? Où sont donc passées la vision et la passion qui les avaient animés? Émilie Bickerton raconte l’aventure de cette publication, depuis sa naissance glorieuse, en 1951, jusqu’à son interminable agonie. Ses fondateurs nourrissaient l’ambition immense d’élever le cinéma au rang d’art à part entière et de prouver qu’Alfred Hitchcock, Howard Hawks ou Nicholas Ray étaient les égaux des plus grands peintres et romanciers. L’entreprise fut un succès, et la critique devint une autre manière de faire du cinéma, avant que certains rédacteurs de la revue, comme Jean-Luc Godard, François Truffaut ou Éric Rohmer, ne passent eux-mêmes à la réalisation. Il y eut bien d’autres moments forts : la revue joua une part active dans l’élaboration d’une théorie du cinéma, s’ouvrit aux pensées nouvelles comme le structuralisme ou la psychanalyse lacanienne, envisagea le cinéma comme un art politique, au point de renier la « politique des auteurs » qui avait fait sa fortune, et, au plus fort de sa période maoïste, de désavouer le cinéma lui-même. Ces zig-zags, ces hésitations, ces redéfinitions sont certes le reflet des différentes époques qu’elle a traversées, mais ils témoignent surtout d’un constant désir de se réinventer et d’agir sur le cinéma en train de se faire. À partir des années 1980, ce désir disparaît : les Cahiers s’accrochent à un auteurisme vide, renoncent aux idéaux qui les avaient guidés, délaissent le travail critique, épousent le monde comme il va. En faisant l’histoire des Cahiers, de leurs réussites et de leurs échecs, de leur grandeur et de leur décadence, ce livre propose une réflexion nécessaire sur le destin de la critique en général : partout et nulle part à la fois, elle se traîne, sans idées ni projet. Or qu’est-ce qu’une critique digne de ce nom sinon une intervention sur l’époque elle-même ?
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